Conférence sur le travail et les retraites, embauche d’apprentis, propos insultants, RPS... 3 minutes de social
Lancée le 4 novembre 2025, la conférence sur les retraites et le travail ouvre un vaste cycle de discussions jusqu’en 2026 autour de la qualité de vie au travail, de l’emploi qualifié et de l’avenir du système des retraites. Dans un contexte de rigueur budgétaire et de vigilance accrue sur les risques psychosociaux, le gouvernement ajuste aussi les aides à l’apprentissage et la jurisprudence renforce la responsabilité des salariés en matière de respect et de sécurité au travail.
- La conférence sur les retraites et le travail se déroule jusqu’à l’été 2026.
- Trois thèmes : conditions de travail, emploi qualifié, avenir des retraites.
- Le MEDEF se retire, la CGT absente à la première réunion.
- Nouvelles règles pour les aides à l’apprentissage dès le 1er novembre.
- La Cour de cassation valide un licenciement pour messages discriminatoires.
- 59 % des salariés exposés aux risques psychosociaux selon le baromètre BDO.
Une conférence sociale d’ampleur nationale
Annoncée par le Premier ministre Sébastien Lecornu dans son discours de politique générale du 14 octobre, la conférence sur les retraites et le travail a officiellement été lancée le 4 novembre par Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail, et David Amiel, ministre de la Fonction publique. Prévue pour durer jusqu’à l’été 2026, cette conférence vise à nourrir les débats de la prochaine élection présidentielle autour des grands enjeux de l’emploi et des retraites.
Lors de la réunion de cadrage, les ministres ont présenté aux partenaires sociaux le champ et la méthode de travail retenus : un espace de discussion, et non une négociation formelle, sous l’égide du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Trois ateliers thématiques structureront les échanges :
- Travailler mieux : prévention, conditions et qualité de vie au travail.
- Emploi qualifié et parcours professionnel : comment renforcer la formation et la progression de carrière.
- Avenir du système des retraites : réflexion sur la soutenabilité et la gouvernance du modèle français.
Pour garantir le sérieux des travaux, trois garants ont été nommés : Jean-Denis Combrexelle, ancien directeur général du travail ; Anne-Marie Couderc, ex-ministre et ancienne PDG d’Air France-KLM ; et Pierre Ferracci, expert reconnu du dialogue social.
Cependant, l’unité syndicale reste incertaine : le MEDEF a d’ores et déjà annoncé son retrait des discussions, tandis que la CGT était absente de la première réunion préparatoire.
Une mesure budgétaire pour encadrer les aides à l’apprentissage
Dans un contexte de rigueur budgétaire, le gouvernement a également introduit, au 1er novembre, une nouvelle règle de calcul des aides à l’apprentissage.
Le décret du 31 octobre modifie les conditions d’attribution des aides (aide unique et aide exceptionnelle), en les adaptant à la durée réelle du contrat de travail.
Désormais, pour les contrats de moins d’un an ou en cas de rupture anticipée, le montant de l’aide est calculé au prorata du nombre exact de jours travaillés.
Jusqu’à présent, tout mois entamé ouvrait droit à une aide complète ; cette règle est supprimée, entraînant une minoration pour les mois incomplets.
Ces nouvelles dispositions s’appliquent aux contrats conclus ou en cours à compter du 1er novembre 2025.
Harcèlement et messagerie interne : la Cour de cassation tranche
Autre fait marquant de la semaine : un arrêt de la Cour de cassation du 5 novembre redéfinit la frontière entre vie privée et vie professionnelle.
Un directeur commercial avait été licencié pour faute grave après la découverte de messages à connotation sexuelle, sexiste, raciste et homophobe dans une conversation privée entre collègues.
Soutenant que ces échanges relevaient de sa vie privée, il contestait la régularité de son licenciement.
La Cour de cassation a cependant validé la décision de l’employeur : les messages ayant heurté les collaborateurs, ils constituent un manquement à l’obligation de sécurité entre salariés.
Dès lors que les propos portent atteinte à la santé psychique des autres employés, le licenciement est justifié.
Des risques psychosociaux toujours préoccupants
Le baromètre BDO sur la gestion des accidents du travail et maladies professionnelles, publié le 5 novembre, révèle que 59 % des salariés sont exposés à des risques psychosociaux (RPS).
Parmi eux, 32 % déclarent en avoir été victimes directes, mais seuls 26 % ont effectué un signalement auprès de leur employeur.
Ces chiffres soulignent l’urgence de renforcer la prévention et la qualité de vie au travail, au cœur du premier atelier de la conférence sociale.
Entre dialogue social, maîtrise des dépenses publiques et sécurité au travail, la fin d’année s’annonce dense pour les acteurs du droit social.
La conférence sur les retraites et le travail pose les bases d’une réflexion à long terme, tandis que les réformes récentes et les décisions jurisprudentielles rappellent l’importance d’un équilibre constant entre performance économique et protection des salariés.
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