Transparence des rémunérations : ce que dit la loi
La transparence des rémunérations devient un enjeu central pour les entreprises avec la directive européenne 2023/970, qui impose de nouvelles obligations d’information, de communication et d’égalité salariale. Cet article propose une analyse experte de la législation, détaille les obligations des employeurs, les mécanismes de contrôle et explore les perspectives stratégiques liées à cette évolution.
- La directive européenne 2023/970 impose de nouvelles exigences de transparence sur les rémunérations, à transposer en France d’ici 2026.
- Affichage obligatoire de la fourchette salariale et des avantages dès l’offre d’emploi, interdiction de demander l’historique salarial du candidat.
- Droit renforcé à l’information pour les salariés : accès aux critères de fixation des salaires et aux niveaux moyens, ventilés par sexe.
- Obligation pour l’employeur de communiquer régulièrement les écarts de rémunération, selon la taille de l’entreprise.
- L’index égalité professionnelle demeure central pour mesurer et publier les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes.
- Toute différence de salaire doit être justifiée par des critères objectifs et non discriminatoires.
- Renversement de la charge de la preuve en cas de contentieux salarial : l’employeur doit justifier toute différence.
- Implication accrue des partenaires sociaux dans le dialogue et l’évaluation des < a href="/ressources/politique-de-remuneration-definition-et-enjeux.html">politiques salariales.
- Les entreprises doivent adapter leurs pratiques RH, structurer leurs grilles salariales et anticiper les audits de conformité.
- La < a href="/ressources/transparence-salariale-ce-que-dit-la-directive-ue.html">transparence salariale devient un levier de marque employeur et de performance, mais son non-respect expose à des risques juridiques et financiers.


- Cadre juridique de la transparence des rémunérations
- Législation française : état des lieux et articulation avec le droit européen
- Transparence des rémunérations : obligations légales, critères objectifs et rôle de l’index égalité professionnelle
- Obligations d’information et de communication pour les employeurs
- Nouveaux droits à l’information et obligations de transparence salariale issus de la directive européenne 2023/970
- Égalité salariale : obligations et outils de conformité
- Rôle des partenaires sociaux et dialogue social
- Gestion des contentieux et protection des salariés
- Perspectives et enjeux stratégiques pour les entreprises
Cadre juridique de la transparence des rémunérations
La directive (UE) 2023/970 du 10 mai 2023 constitue une avancée majeure dans la lutte contre les inégalités salariales et la promotion de la transparence des rémunérations au sein de l’Union européenne.
Elle vise à renforcer l’application du principe d’égalité des rémunérations entre les femmes et les hommes pour un même travail ou un travail de valeur égale, en imposant des obligations de transparence et des mécanismes de contrôle accrus pour les employeurs.
Les États membres, dont la France, disposent de trois ans pour transposer cette directive dans leur droit interne, mais de nombreuses entreprises anticipent déjà ses exigences en raison de leur impact sur la gestion des ressources humaines et la conformité réglementaire.
Législation française : état des lieux et articulation avec le droit européen
En France, l’égalité salariale entre femmes et hommes est garantie par la loi depuis 1972 et le Code du travail. L’index égalité professionnelle impose la publication d’indicateurs sur les écarts de rémunération et de carrière. La directive européenne 2023/970 vient renforcer ces obligations, en imposant une transparence accrue et des droits d’information élargis pour les salariés et les candidats.
Transparence des rémunérations : obligations légales, critères objectifs et rôle de l’index égalité professionnelle
La transparence des rémunérations impose à l’employeur de communiquer les niveaux, écarts et critères salariaux utilisés dans l’entreprise.
Toute différence de rémunération doit être justifiée par des critères objectifs, non sexistes et transparents.
L’index égalité professionnelle, central en France, mesure et suit les écarts de rémunération et de carrière entre les sexes, en cohérence avec les exigences européennes.
Obligations d’information et de communication pour les employeurs
La directive 2023/970 impose aux employeurs de publier régulièrement les écarts de rémunération femmes-hommes, ventilés par catégorie de travailleurs et type de salaire.
Les entreprises de plus de 250 salariés doivent communiquer ces données chaque année, celles de 100 à 249 salariés tous les trois ans, tandis que les plus petites peuvent être exemptées selon la transposition nationale.
Ces informations sont transmises à l’autorité compétente, aux salariés, à leurs représentants et au public. Les écarts injustifiés supérieurs à 5 % doivent être corrigés rapidement, et une évaluation conjointe avec les représentants du personnel est requise si l’écart persiste.
Nouveaux droits à l’information et obligations de transparence salariale issus de la directive européenne 2023/970
La directive européenne 2023/970 du 10 mai 2023 instaure des droits renforcés à l’information pour les salariés et les candidats.
Les salariés bénéficient d’un accès facilité aux critères objectifs et non sexistes utilisés pour déterminer la rémunération, les niveaux de salaire et leur progression. Ils peuvent demander par écrit des informations sur leur propre rémunération ainsi que sur les niveaux moyens ventilés par sexe pour des postes équivalents.
L’employeur doit rappeler chaque année ce droit à l’information et répondre dans un délai maximal de deux mois.
Pour les candidats, la directive impose que les offres d’emploi mentionnent la rémunération initiale ou une fourchette, ainsi que les avantages prévus par la convention collective. Il est interdit de demander l’historique salarial du candidat, et les annonces doivent être objectives et non sexistes.
Ces mesures visent à garantir la transparence dès le recrutement et tout au long de la relation de travail, à structurer les politiques salariales sur des critères objectifs et à permettre à chacun de faire valoir ses droits à l’égalité de rémunération.
Égalité salariale : obligations et outils de conformité
Le principe d’égalité de rémunération pour un même travail ou un travail de valeur égale impose aux employeurs de justifier toute différence de traitement par des critères objectifs, non sexistes et transparents.
Les entreprises doivent mettre en place des grilles de rémunération fondées sur ces critères et corriger tout écart injustifié dans un délai raisonnable. En cas d’écart moyen d’au moins 5 % non justifié, une évaluation conjointe avec les représentants du personnel est obligatoire.
La législation interdit toute discrimination directe ou indirecte fondée sur le sexe, obligeant les employeurs à prévenir et traiter ces situations, et à garantir l’accès aux recours. La structuration des politiques de rémunération, l’accessibilité des informations et la traçabilité des données sont essentielles pour assurer la conformité et la transparence des pratiques salariales.
Rôle des partenaires sociaux et dialogue social
La directive 2023/970 renforce le rôle des partenaires sociaux en imposant la consultation obligatoire des représentants du personnel sur les méthodes de calcul et les données salariales, leur permettant de demander des précisions.
En cas d’écart de rémunération non justifié, une évaluation conjointe et des mesures correctives sont requises. La directive encourage également la négociation collective, conférant aux conventions de branche et accords d’entreprise un rôle central dans la structuration des politiques salariales et la prévention des discriminations.
Gestion des contentieux et protection des salariés
La directive européenne et la législation française offrent aux salariés victimes d’inégalités salariales des recours efficaces, incluant l’action en justice par des syndicats ou associations avec l’accord du salarié, et la réparation intégrale du préjudice.
La charge de la preuve est partagée : le salarié présente des faits laissant supposer une discrimination, puis l’employeur doit justifier la différence par des critères objectifs.
Si l’employeur manque à ses obligations d’information, il supporte seul la charge de la preuve. Les salariés sont protégés contre toute mesure de rétorsion liée à l’exercice de ces droits.
Perspectives et enjeux stratégiques pour les entreprises
La transposition de la directive 2023/970 en droit français impose aux entreprises de revoir leurs pratiques RH :
- audit des politiques de rémunération,
- formation des équipes,
- élaboration de grilles salariales transparentes
- et adaptation des processus de recrutement.
La transparence salariale devient un atout pour attirer et fidéliser les talents, notamment les jeunes générations sensibles à l’équité. Les entreprises proactives peuvent ainsi transformer cette contrainte en avantage concurrentiel. À l’inverse, le non-respect des nouvelles obligations accroît les risques juridiques, financiers et réputationnels, rendant indispensable la mise en place de dispositifs de contrôle et de dialogue social.
La directive européenne 2023/970 impose ainsi une transparence accrue sur les rémunérations, renforçant les obligations d’information, d’égalité salariale et d’implication des partenaires sociaux, tout en faisant de la transparence un levier de performance et d’attractivité pour les entreprises.










