Politique de rémunération : définition et enjeux

Écrit par Publié le 29/07/2025 Mis à jour le 17/11/2025

La politique de rémunération, essentielle pour la gestion RH et la gouvernance, structure les rémunérations selon des exigences légales, sociales et stratégiques. Les professionnels du droit et des RH doivent maîtriser le cadre juridique, la transparence des salaires, l’égalité et les évolutions. Cet article présente de façon complète les enjeux, composantes, cadre légal et perspectives de la rémunération.

En résumé
  • La politique de rémunération doit servir l’intérêt social, la pérennité et la stratégie de l’entreprise.
  • Elle doit détailler tous les éléments de rémunération (fixe, variable, avantages, primes, actions) et expliquer le processus de décision pour leur attribution, révision et application.
  • Dans les sociétés cotées, la politique de rémunération doit être approuvée chaque année par l’assemblée générale des actionnaires.
  • Aucun élément de rémunération ne peut être attribué s’il n’est pas conforme à la politique approuvée ou, à défaut, aux pratiques existantes.
  • Des dérogations temporaires sont possibles en cas de circonstances exceptionnelles, si elles sont justifiées par l’intérêt social et la viabilité de l’entreprise.
  • Le rapport sur la politique de rémunération doit être clair, compréhensible, accessible au public et préciser les critères de performance et les modalités d’attribution des éléments variables.
  • Les éléments de rémunération doivent être indiqués séparément dans les documents remis au salarié, conformément au Code du travail.
  • L’entreprise doit expliquer le lien entre la rémunération des dirigeants et les objectifs économiques, sociaux et environnementaux.
  • La transparence est assurée par l’information des salariés sur leur niveau de rémunération par rapport à la moyenne et par la publication des politiques sur le site de l’entreprise.
  • Il est recommandé de consulter des conseils en rémunération et de prendre en compte les avis des parties prenantes pour garantir l’équité et la conformité de la politique.
Politique de rémunération : définition et enjeuxPolitique de rémunération : définition et enjeux

Définition juridique et composantes de la politique de rémunération

La politique de rémunération regroupe l’ensemble des principes, règles et pratiques qui encadrent la structure, le niveau et l’évolution des rémunérations dans une organisation, pour tous les salariés et mandataires sociaux.

Elle vise à assurer cohérence, équité et conformité avec la stratégie de l’entreprise et la réglementation. Selon l’article L. 3221-3 du Code du travail, la rémunération inclut :

  • le salaire de base, 
  • les avantages et accessoires versés en espèces ou en nature par l’employeur en raison de l’emploi.

Les composantes de la politique de rémunération sont : 

  • la rémunération fixe (salaire de base, accessoires), 
  • la rémunération variable (primes salariales, bonus, intéressement), 
  • les avantages en nature (véhicule, logement), 
  • la rémunération en actions (stock-options, actions gratuites), 
  • les primes et gratifications (ancienneté, performance), 
  • les indemnités de départ 
  • et les prestations de retraite et de prévoyance

Pour les dirigeants, des règles spécifiques s’appliquent concernant la rémunération variable, différée et les indemnités.

Cadre légal et réglementaire de la politique de rémunération

Le cadre légal impose aux sociétés cotées d’établir une politique de rémunération des mandataires sociaux, conforme à l’intérêt social, à la pérennité et à la stratégie de l’entreprise, soumise chaque année à l’approbation de l’assemblée générale des actionnaires. 

Le rapport sur cette politique de rémunération doit détailler : 

  • toutes les composantes de la rémunération,
  • les critères de performance,
  • les modalités de révision et les conditions de dérogation 

Tout élément non conforme à la politique approuvée est nul. 

Par ailleurs, la rémunération relève de la négociation collective ou individuelle, mais la politique salariale doit être soumise à la consultation du CSE, notamment lors des négociations annuelles obligatoires, et l’employeur doit fournir au CSE des informations détaillées via la BDESE.

Transparence et égalité de rémunération

La législation nationale et européenne renforce la transparence salariale : les employeurs doivent indiquer dans les offres d’emploi la rémunération initiale ou une fourchette, ainsi que les avantages conventionnels (primes, 13e mois, etc.).

Les salariés disposent d’un droit d’accès à l’information sur leur rémunération individuelle et sur les niveaux moyens, l’employeur devant répondre par écrit sous deux mois.

Depuis la loi n° 2018-771, les entreprises d’au moins 50 salariés doivent supprimer les écarts de rémunération femmes-hommes sous trois ans et publier chaque année des indicateurs sur ces écarts.

La directive européenne impose aussi l’interdiction de demander l’historique salarial, l’obligation d’évaluation conjointe en cas d’écart injustifié supérieur à 5 %, et prévoit des sanctions effectives et dissuasives en cas de non-respect.

Enjeux stratégiques de la politique de rémunération

La politique de rémunération doit s’aligner sur la stratégie globale de l’entreprise, intégrant ses objectifs économiques, sociaux et environnementaux, afin d’attirer, fidéliser et motiver les talents tout en soutenant la performance durable.

Elle renforce l’attractivité et la compétitivité en assurant l’équité interne et un positionnement compétitif sur le marché du travail. Intégrée aux enjeux de RSE, elle doit promouvoir l’égalité professionnelle, la diversité, la transparence et la lutte contre les discriminations.

Les entreprises publient des indicateurs sur la rémunération, l’égalité femmes-hommes et la diversité, et intègrent des critères extra-financiers dans la rémunération variable des dirigeants. 

L'assistant IA dans Liaisons Sociales

Accédez à des réponses juridiques fiables et précises grâce à l'IA, intégrée à Liaisons Sociales et alimentée exclusivement par nos fonds éditoriaux

Composantes spécifiques et pratiques innovantes

La rémunération des dirigeants et mandataires sociaux, notamment dans les sociétés cotées, doit être transparente, détaillée et approuvée par les actionnaires.

Elle comprend des éléments fixes, variables, en actions, avantages en nature, indemnités de départ et retraites supplémentaires.

Les critères de performance, financiers et non financiers, doivent être clairs et variés. Des dérogations temporaires sont possibles en cas de circonstances exceptionnelles. Les primes et accessoires de salaire doivent être définis par accord collectif et clairement communiqués.

Les pratiques innovantes en matière de rémunération se développent, notamment :

  • Rémunération basée sur la performance collective 
  • Rémunération différée ou en actions
  • Individualisation de la rémunération.
  • Transparence salariale 
  • Intégration de critères RSE.

Risques, contentieux et sanctions

Tout élément de rémunération non conforme à la politique approuvée par l’assemblée générale ou aux règles légales est frappé de nullité ; l’entreprise s’expose à des actions en nullité, à des demandes de remboursement ou à des dommages-intérêts.

Les principaux contentieux en matière de rémunération concernent :

  • la discrimination salariale,
  • le non-respect des minima conventionnels,
  • le manque de transparence,
  • ainsi que les litiges sur les primes et accessoires.

La jurisprudence rappelle que l’employeur doit pouvoir justifier tout écart de rémunération par des critères objectifs et non discriminatoires.

Conformément à la directive européenne sur la transparence salariale, les sanctions  en cas de non-respect des obligations en matière de rémunération encourues sont  

  • civiles (nullité, dommages-intérêts, rappels de salaire),
  • administratives (amendes, injonctions)
  • et pénales

Perspectives d’évolution et enjeux européens

L’Union européenne renforce sa compétence en matière de politiques de rémunération via des directives sur l’égalité salariale, la transparence et la lutte contre les discriminations.

La directive sur la transparence salariale impose :

  • la mention du salaire dès l’offre d’emploi,
  • un droit d’accès accru à l’information,
  • une évaluation conjointe employeur-représentants en cas d’écart injustifié,
    de nouvelles obligations de reporting
  • et des sanctions renforcées.

Les entreprises doivent anticiper ces évolutions en auditant leur politique de rémunération, en formant les équipes RH, en mettant en place des grilles de rémunération objectives et en préparant les outils de reporting.

La politique de rémunération, enjeu stratégique et social, doit renforcer l’attractivité et la performance de l’entreprise tout en assurant conformité, transparence, égalité et responsabilité sociale. Les juristes et RH doivent la sécuriser, l’aligner avec la stratégie et les enjeux RSE, anticiper les évolutions réglementaires, associer les partenaires sociaux et instaurer des outils de suivi et d’audit pour garantir son efficacité et sa conformité.