Transparence salariale, conclave « retraites », arrêt maladie à l’étranger et don du sang…

Écrit par Publié le 12/06/2025 Mis à jour le 01/07/2025

Le gouvernement français intensifie ses efforts pour garantir une transparence salariale accrue et réformer le système des retraites.
Ce billet revient sur les évolutions majeures en droit social, les implications pour les entreprises, et les décisions jurisprudentielles récentes en matière d’arrêt maladie.


En résumé
  • Les salariés seront informés annuellement de leur droit à la transparence salariale.
  • Les clauses interdisant de parler de son salaire seront interdites.
  • Les critères de promotion devront être accessibles à tous.
  • En cas d’écart salarial, la charge de la preuve incombera à l’employeur.
  • Le MEDEF reste ferme sur les 64 ans mais propose des aménagements.
  • Le déficit des retraites atteindrait 6,6 milliards € en 2030.
  • Un arrêt maladie à l’étranger peut entraîner la perte des indemnités.
  • Une loi prévoit 8 absences rémunérées/an pour le don du sang.

Transparence salariale : une transposition ambitieuse de la directive européenne

Afin de lutter contre les inégalités de rémunération persistantes entre les femmes et les hommes, la France s’apprête à transposer la directive européenne sur la transparence salariale.

Cette réforme vise à :

  • Garantir l’égalité de rémunération à travail de valeur égale.
  • Renforcer l’accès à l’information des salariés sur les salaires pratiqués au sein de leur entreprise, ventilés par sexe.
  • Informer annuellement chaque salarié de son droit d’accès à ces informations.
  • Imposer un délai de deux mois aux employeurs pour transmettre les données demandées.

Interdiction des clauses de confidentialité salariale

Désormais, toute clause contractuelle interdisant aux salariés de discuter de leur salaire sera rendue illégale. Ce changement vise à renforcer la transparence et la confiance au sein des organisations.

Des critères d’évaluation et de promotion plus accessibles

Les employeurs devront également communiquer les critères d’évaluation et de promotion, notamment en faveur des salariés en situation de handicap, renforçant ainsi les exigences d’équité dans l’évolution professionnelle.

Une charge de la preuve inversée en cas d’écart injustifié

Si une inégalité salariale est constatée, il appartiendra à l’employeur de démontrer l’absence de discrimination. Toutefois, afin de préserver les données personnelles, certains indicateurs ne seront accessibles qu’aux représentants du personnel ou à l’inspection du travail.

Une prochaine réunion de concertation est prévue le 26 juin 2025, marquant une étape décisive dans le processus de transposition.

Réforme des retraites : vers un compromis fragile ?

Les 11 et 12 juin derniers, les partenaires sociaux se sont réunis pour faire avancer les discussions sur la réforme des retraites. Objectif : trouver un accord avant le 17 juin 2025.

Les propositions du MEDEF

Le MEDEF reste inflexible sur l'âge légal de départ à 64 ans, mais propose :

  • La réintégration des trois facteurs ergonomiques de pénibilité.
  • Des aménagements favorables à la retraite des femmes, incluant :
    • Le calcul spécifique de la pension des mères de famille.
    • L’élargissement des possibilités de départ anticipé pour pénibilité.
    • L’ajustement de l’âge d’annulation de la décote.

Les syndicats pourraient accepter le statu quo sur l’âge légal, à condition d’obtenir des avancées substantielles sur ces autres volets. Néanmoins, aucune contribution financière des entreprises n’est prévue pour garantir l’équilibre du système à l’horizon 2030, alors que le déficit annoncé s’élève à 6,6 milliards d’euros, selon le Conseil d’orientation des retraites.

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Jurisprudence : arrêt maladie et déplacement à l’étranger

Dans un arrêt rendu le 5 juin 2025, la Cour de cassation a clarifié une question délicate : un salarié en arrêt maladie peut-il partir à l’étranger ?

Un cas concret : séjour en Tunisie invalidé

Une assurée, autorisée par son médecin à voyager, est partie temporairement en Tunisie durant son arrêt de travail. Malgré cette autorisation, la CPAM a contesté le versement de ses indemnités journalières, au motif qu’elle ne pouvait effectuer les contrôles médicaux requis.

Rappel des obligations légales

Le Code de la sécurité sociale impose  :

  • Le respect des prescriptions médicales ;
  • La soumission au contrôle médical ;
  • L’abstention de toute activité non autorisée.

La Cour de cassation a annulé la décision de première instance qui avait donné raison à l’assurée, réaffirmant que le droit à indemnisation est subordonné à la possibilité de contrôle effectif par la CPAM, indépendamment de l’accord du médecin.
Cette décision s’appuie sur plusieurs articles du Code de la sécurité sociale, ainsi que sur une jurisprudence du Conseil d’État de 2024, insistant sur la nécessité d’un cadre strict.

Don de sang sur le temps de travail : bientôt une loi

Enfin, une proposition de loi adoptée le 4 juin prévoit la création de huit autorisations d’absence rémunérées par an pour les salariés souhaitant donner leur sang, plasma ou plaquettes à proximité de leur domicile ou de leur lieu de travail. Un geste citoyen que le législateur souhaite encourager.

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