Conclave « retraites », négociation « transitions professionnelles », titres de séjours talent, QVCT… 3 minutes de social
Chaque semaine, les rédactions de Liaisons Sociales proposent un tour d’horizon des principaux enjeux sociaux du moment. Dans ce nouvel épisode de leur podcast, plusieurs sujets cruciaux sont abordés : les négociations autour de la réforme des retraites, les discussions tendues sur la reconversion professionnelle, les évolutions apportées aux cartes de séjour « talent », sans oublier les résultats d’une enquête sur la parole au travail. Décryptage.
- Nouvel échec des négociations sur la réforme des retraites.
- Dernière réunion prévue le 23 juin avec un projet de compromis.
- Mesures en discussion : retraite des mères, décote, C2P.
- Aucun accord sur le financement (CSG, pensions, entreprises).
- Négociations sur la reconversion professionnelle prolongées.
- Tensions fortes entre syndicats et patronat.
- Réforme des cartes « talent » en vigueur depuis le 16 juin 2025.
- Fusion des anciens titres en trois grandes catégories.
- Conditions de rémunération précisées par décret.
- 40 % des salariés parlent peu ou pas de leur organisation du travail.
Le conclave sur les retraites dans l’impasse : un compromis encore hors de portée
Le 17 juin 2025, les partenaires sociaux réunis pour trouver un terrain d'entente sur les ajustements à apporter à la réforme des retraites de 2023 ont échoué à s’entendre. Jean-Jacques Marrette, en charge de l’animation des débats, a proposé une ultime rencontre le 23 juin, autour d’un projet de texte de compromis.
Avancées proposées : retraite des mères et âge d’annulation de la décote
Le compromis en cours de discussion comprendrait notamment :
- Une mesure en faveur des mères de famille, prévoyant un calcul du salaire annuel moyen sur les 24 meilleures années pour celles ayant un enfant, ou sur les 23 meilleures années pour celles en ayant deux ou plus.
- Un abaissement de l’âge d’annulation de la décote, qui passerait de 67 à 66 ans et demi, une avancée jugée insuffisante par certaines parties.
- La réintégration dans le compte professionnel de prévention (C2P) de trois critères ergonomiques supprimés en 2017. Cependant, les syndicats demandent que ces critères puissent permettre des départs anticipés à la retraite, ce que refuse pour l’instant le patronat.
Un financement contesté
Du côté des mesures de financement, plusieurs pistes sont envisagées :
- Restriction du dispositif des carrières longues.
- Hausse de la CSG pour les retraités les plus aisés.
- Sous-indexation des pensions.
Ces propositions sont loin de faire consensus. Les syndicats réclament en outre une contribution des entreprises, mais l’attitude du patronat reste floue. À l’heure actuelle, la participation du MEDEF à la réunion du 23 juin demeure incertaine, rendant la signature d’un éventuel accord hautement hypothétique.
Reconversions professionnelles : une négociation au bord de l’échec
Autre dossier brûlant : la réforme des outils de reconversion professionnelle. Ouvertes le 20 mai, les discussions devaient s’achever le 16 juin. Ce calendrier n’a pas été respecté, et une nouvelle réunion est programmée le 25 juin.
Fractures profondes entre partenaires sociaux
Les tensions sont vives. Les syndicats dénoncent :
- Une méthode de travail défaillante.
- Des retards répétés de la part des représentants du patronat.
- Un manque de concertation global.
Les organisations d’employeurs, quant à elles, gardent le silence médiatique. Plusieurs sujets sensibles restent en suspens :
- Le remplacement du congé de mobilité.
- La périodicité de l’entretien professionnel en cas de transfert.
- La gestion du CPF et du projet de transition professionnelle par le salarié.
Les blocages sont tels que certains négociateurs pourraient être tentés de quitter la table… pour entamer leur propre reconversion.
Cartes de séjour « talent » : une réforme en vigueur depuis le 16 juin 2025
Le décret du 15 juin 2025, pris en application de la loi Immigration du 26 janvier 2024, réforme en profondeur le dispositif des cartes « passeport talent ». Ces titres sont désormais regroupés sous une appellation unique : la carte « talent ».
Trois grandes catégories de cartes « talent »
- Carte talent salarié qualifié : elle regroupe les anciens titres attribués aux salariés qualifiés, aux salariés de jeunes entreprises innovantes ou en mission.
- Carte talent porteur de projet : elle remplace les titres pour les créateurs d’entreprises, porteurs de projets innovants et investisseurs.
- Carte talent profession médicale et pharmacie : elle s’adresse aux professionnels de santé.
La réforme précise aussi les seuils de rémunération exigés. Par exemple, les créateurs d’entreprise doivent justifier d’un financement minimal de 30 000 euros. Le décret précise également les conditions d’obtention de la carte bleue européenne, conformément à la directive d’octobre 2021.
Simplification des démarches pour les familles
Le texte prévoit que si un demandeur est déjà titulaire d’une carte « talent salarié qualifié », il n’a pas besoin de fournir à nouveau ses diplômes. En outre, les membres de sa famille peuvent obtenir une carte talent famille de même durée et délivrée dans les mêmes délais.
Qualité de vie au travail : un silence préoccupant
Enfin, à l’occasion de la Semaine pour la qualité de vie et des conditions de travail, l’Anact a dévoilé les résultats d’une consultation nationale menée entre avril et mai 2025 :
40 % des répondants déclarent ne parler que rarement – voire jamais – de l’organisation de leur travail, alors même qu’ils considèrent ces discussions comme essentielles à la qualité du travail fourni.
Un constat préoccupant, qui montre l’urgence de libérer la parole au sein des entreprises sur les conditions de travail.
Entre réformes structurelles et négociations sociales tendues, les prochains mois s’annoncent décisifs. Retraites, reconversion, immigration professionnelle : tous ces chantiers soulèvent des enjeux cruciaux pour l’avenir du travail en France. Mais encore faut-il que les différents acteurs réussissent à s’entendre pour faire émerger des solutions durables. En attendant, l’actualité sociale continue de se jouer dans les salles de réunion… et parfois dans le silence des organisations.